dimanche 6 juin 2010

La chambre noire

  1. Introduction

  2. Une chambre noire, késako ?

  3. Quelques remarques sur l'éclairage

  4. Quel matériel utilise-t-on pour tirer des photos ?

  5. Combien ça coûte ?

  6. Est-ce que moi aussi je peux le faire ?


1. Introduction

  • Quelle est donc l'étrange raison pour laquelle les timbrés qui s'enferment dans une chambre noire l'éclairent avec une ampoule de lumière rouge ? Pourquoi toujours en rouge ? Pourquoi pas du vert, du violet, du bleu, un peu de fantaisie que diable !

  • Comment font-ils pour passer d'une petite image de quelques millimètres de grandeur sur un négatif à une image de la taille d'une carte postale (ou plus) sur une feuille de papier ?

  • Quel matériel dois-je acquérir pour me lancer dans l'aventure d'un laboratoire où je mettrai mes propres photos sur papier ?

  • Combien ça ve me coûter ?
  • Est-ce que tout le monde peut le faire ?

  • ... ?

Nous allons vous proposer au travers de cet article des réponses à ces questions et à d'autres que vous vous êtes déjà certainement posé.

2. Une chambre noire, késako ?

Une chambre noire est une pièce close (comprenez sans fenêtres apparentes) où la lumière (qu'elle soit du jour ou artificielle) est absente.

C'est donc un endroit entièrement hermétique aux rayons lumineux où l'on va pouvoir “faire passer” nos images négatives (comprenez celle situées sur le négatif) sur la feuille de papier.


3. Quelques remarques sur l'éclairage

Pourquoi ne peut-il y avoir de lumière dans cette pièce ?

Simplement parce que le papier photographique tout comme un négatif photo est constitué d'une couche d'émulsion ultra-sensible à la lumière (qu'elle soit naturelle ou artificielle.)

Si l'on expose le papier à une source de lumière non régulée dans le temps et l'intensité, la couche d'émulsion qui le compose va réagir anarchiquement à la lumière.

Si l'on développe cette feuille dans un bain de révélateur, on obtiendra une feuille complètement noire.

Oui mais pourquoi au juste ?

Comme nous l'avons déjà écrit plus haut, le papier est constitué d'une couche d'émulsion qui lorsqu'elle est chatouillée par la lumière produit une réaction chimique.

Les cristaux d'argent (composants essentiels de l'émulsion) réagissent avec la lumière pour former des cristaux d'halogénure d'argent.

Lorsqu'on développe cette image dans un bain de révélateur, ce dernier élimine les cristaux d'argent qui n'ont pas réagi avec la lumière et on obtient sur le papier une image nette et distincte. (Seulement si bien sûr, on a exposée l'image sous un agrandisseur pendant une période de temps et une intensité contrôlées.)

Voilà pourquoi il ne peut y avoir de lumière dans un laboratoire, la papier y est tellement sensible que la moindre exposition induit la réaction chimique.

On ne peut donc exposer les feuilles à une lumière non régulée sans risque de voiler* le papier et de le rendre inutilisable.

Soyez donc toujours très attentifs dans le laboratoire à toujours refermer vos boîtes avant de sortir ou d'allumer la lumière.

Quand on sait ce que coûte une boîte de feuilles, on a généralement beaucoup de peine de devoir la jeter suite à une erreur de manipulation.

*Se dit d'une feuille qui a été involontairement exposée à des rayons lumineux et qui est inutilisable pour faire un tirage.

Pourtant je ne suis pas fou/folle, les laboratoires photographiques sont éclairés en rouge ... Quel est ce prodige ?

Cela n'a rien d'un prodige, c'est simplement l'exception qui confirme la règle.

Une petite explication scientifique est de rigueur, le papier est sensible à la lumière visible mais pas sur tout son spectre.

En l'occurrence la longueur d'onde de la lumière rouge est si longue que l'émulsion du papier n'y réagi pas, ou alors très peu.

C'est pour cela qu'on peut éclairer les laboratoires en rouge sans risque de voiler le papier.

Ceci est uniquement valable pour le tirage des photos noir et blanc. (Sur du papier orthochromatique.*)

Cette lumière est appelée “inactinique”, elle peut se décliner du rouge au jaune/vert.

Ce sera à vous de choisir la façon d'éclairer votre laboratoire, certaines personnes préfèrent les lampes ambrées jaunes/vertes d'autre les lampes rouges. (Question de confort et de point de vue.)

* Se dit du papier qui n'est pas sensible à toutes les couleurs, à l'inverse du panchromatique utilisé pour le tirage couleur, donc régissant à toutes les couleurs du spectre lumineux.


4. Quel matériel utilise-t-on pour tirer des photos ?

Listons le matériel nécessaire (liste non exhaustive) puis détaillons :

* Une boîte de papier et des négatifs exposés

* Un agrandisseur avec un passe vue

* Un margeur

* Un jeu de filtres multigrades

* Un compte-pose

* Une loupe de mise au point (dit Scoponet)

* Des produits de révélation (révélateur, bain d'arrêt et fixateur)

* 3 ou 4 cuves pour le traitement de l'image et des pinces

* Une bonne paire de ciseaux et un marqueur

* Un chronomètre

* Un tablier (les produits font de vilaines taches qui ne partent pas, même en frottant avec du savon de Marseille, qu'on se le dise)




Qui est quoi et qui fait quoi là-dedans ?

Nous pouvons supposer que vous avez compris à quoi servent le papier et les négatifs.



















L'agrandisseur

C'est une grosse loupe qui fonctionne exactement sur le même principe qu'un projecteur de diapositives, sauf que l'écran sur lequel on projette l'image est remplacé par une feuille de papier qui réagit à la lumière.

Son fonctionnement est très simple, on insère une image négative tête vers le bas (tout est inversé en photo) dans le passe-vue (porte-négatif qui ne laisse la lumière traverser qu'une vue à la fois) et on la projette agrandie sur le margeur.

Par un jeu de soufflet et de manivelle qui font varier la hauteur de la colone (bras mobile où est fixé la tête projeteuse de l'agrandisseur) on change la rapport d'agrandissement du négatif (donc sa taille.)

L'agrandisseur possède tout comme votre appareil photo un objectif qui laisse passer plus ou moins de lumière suivant que son diaphragme est ouvert ou fermé.

Cela permet de jouer sur la durée de l'exposition du papier et la netteté du tirage.

Car comme pour votre objectif photo, plus on ferme, plus la profondeur de champ augmente et plus le piqué (la netteté) de l'objectif devient bonne.










































Le margeur

C'est un cadre gradué qui sert à délimiter la taille de l'image agrandie (qu'on règle en se basant sur la taille du papier ou suivant la taille souhaitée) et où l'on projette l'image à tirer.



































Les filtres

Ce sont de fines feuilles plastiques (appelées aussi gélatines) colorées qui sont utilisées pour jouer sur le contraste du tirage.

Un filtre 00 donnera un tirage doux (il a une teinte claire) alors qu'un filtre 5 donnera un tirage très contrasté (il a une teinte très foncée.)

























Le compte-pose

C'est la minuterie qui règle le temps que la lumière vient frapper le papier pour avoir une image correctement exposée et visibile (c'est à dire pas une feuille toute noire.)

Une fois que l'image a été projetée sur le papier (donc à la bonne taille, avec le bon temps et le contraste voulu, qu'on règle via les filtres qui renforcent le côté doux ou dur du tirage), on doit révéler la feuille de papier dans le bain de révélateur.












































La loupe demise au point

Elle sert à vérifier la mise au point de l'image sur le margeur, on l'appelle aussi Scoponet. (Nom du produit chez Paterson, la plus facilement utilisable et fiable.)













Les produits de révélation

Ils sont au nombre de trois. Il y a le révélateur, le bain d'arrêt et le fixateur.

Chaque tirage une fois exposé est révélé suivant la séquence suivante : révélateur/bain d'arrêt/fixateur/lavage.

Quels sont leurs rôles respectifs ?


Le révélateur papier est souvent composé d'hydroquinone et autres substances chimiques qui vont éliminer les cristaux d'argent qui n'ont pas réagi à la lumière.

Ce produit va donc révéler l'image encore invisible consécutive au passage sous la lumière de l'agrandisseur.

Ne restera plus que les cristaux d'halogénure d'argent, ceux qui forment l'image visible qui va apparaître petit à petit sur la feuille.

Une bonne révélation pour un papier RC oscille entre 1'30'' et 2'. (Il faut laisser monter les noirs.)

Pour un papier Baryté, compter environ 2'30'' car l'image est beaucoup plus lente à apparaître et les noirs à monter.


Le bain d'arrêt est la substance qui va arrêter le processus de révélation.

Il est souvent composé d'eau et de vinaigre blanc (du vinaigre de cuisine), mais beaucoup n'utilisent simplement que de l'eau.

La principale utilité de ce bain est de ne pas polluer le bac contenant le fixateur avec du révélateur.


Le fixateur enfin est le produit qui enlève au papier sa sensibilité à la lumière. C'est le même que celui utilisé pour les films photos noir et blanc.

Un bon fixage oscille entre 2'30''/3' pour un RC et 3'30''/4' pour un Baryté.

Après tout cela fini, il faut rincer le tirage sous l'eau (une eau continuellement renouvelée.) Le lavage permet d'éliminer les traces de fixateur et de révélateur présentent sur le papier.

On peut le faire dans un évier en y laissant le tirage sous le robinet ouvert.

5' de lavage suffisent pour un tirage RC, bien penser à passer le tirage sous le fielt du robinet à la fin de la séquence pour éliminer les dernières impuretés.

Il faut compter une heure de rinçage pour un Baryté, il existe des solutions pour ne pas avoir à attendre aussi longtemps, ni à rester sous le robinet.


Les ciseaux, marqueur et chronomètre sont des outils qui nous seront utiles pour réaliser le tirage, on en reparlera dans un autre article, qui sera consacré à la pratique de ce tirage noir et blanc.

On verra aussi qu'il existe d'autres outils qui peuvent se révéler très utiles (tireuse contact, chiffon antistatique, radio, etc ...)



5. Combien ça coûte ?

Le matériel cité plus haut peu assez facilement se trouver en occasion, en tout état et à tous prix.

Un agrandisseur peut se négocier entre 25€ et 200€ voir plus suivant son état mais beaucoup de personne s'en débarassent gratuitement car cela prend de la place. (Marque réputée Durst.)

Vous trouverez assez souvent des labos complets (agrandisseur, ampoules, cuves, margeur, ...) pour moins de quelques euros.

Les produits ne coûtent pas excessivement chers (10€/15€ pour 1l de révélateur et 10€ pour 1l de fixateur.)

Ce qui coûte le plus cher est incontestablement le papier, puisque qu'une boîte de 50 feuilles 24x30 cm RC coûte environ 55€ et une boîte de 50 feuilles 13x18 cm RC, environ 30€.

On peut donc se lancer dans le tirage noir et blanc pour un budget moyen de 150€/200€ voir moins si on fait une bonne affaire pour le labo.



6. Est-ce que moi aussi je peux le faire ?

Il ne faut pas être surdoué(e) pour tirer ses photos soi-même, juste être passionné(e) et patient(e).


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